Anne Gérard

Technique mixte sur impression papier 210g

H.73 x L.60,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1963 Naissance à Beauvais (Picardie).

1988 Diplôme national Supérieur d’études plastiques, Villa Arson, Nice.

1991 Première exposition personnelle, à la Galerie Lola Gassin, à Nice.

Depuis 1995 Elle est professeure territoriale d’enseignement artistique à l’École municipale d’arts plastiques de la ville de Nice.

1998 Anne Gérard publie son premier album jeunesse, Apolline, aux éditions du Ricochet. Elle est l’auteure des textes et des illustrations.

2004 Elle publie son premier roman, Le mouvement des nuages (Belem éditions), sur l’héritage intime et troublé laissée à plusieurs générations de femmes par une fille-mère du début du siècle, veuve d’un mari tombé à Verdun.

2015 Exposition collective à la galerie Caroline Tresca, à Paris. Exposition personnelle à galerie Mansart, à Paris. Anne Gérard y présente son travail sur la robe, objet dont elle questionne l’ambiguïté via plusieurs séries. Dans l’une d’elles, la robe apparaît sur des tables d’atelier récupérées dans l’école d’art où elle enseigne. La contre forme est peinte en blanc, la robe remplie par les taches, coulures, traces de cutter, et autres fruits du hasard laissés par les élèves au fil des années.

Libération 2016

A fleurs de peau

Par Anne Gérard (1963, France)

« L’art ne fait pas exception aux inégalités femmes-hommes. Dans les cursus artistiques, on trouve beaucoup plus de filles que de garçons ; pourtant, elles sont ensuite très minoritaires parmi les artistes qui font carrière. La leur est notamment entravée par des responsabilités familiales qui pèsent davantage sur leurs épaules. Longtemps, j’ai mis de côté ce sujet. Je suis la fille d’une féministe, qui s’est battue pour la pilule et ses droits fondamentaux. Jeune, je suis vite partie du principe que c’était acquis, que tout était réglé. Trente ans plus tard, la donne a changé, et cette question me taraude davantage. L’un des éléments déclencheurs a eu lieu il y a quelques années. Alors que je présentais une nouvelle série d’œuvres, un critique est venu me voir pour me dire que, pour une fois, mon travail lui plaisait. Il m’a alors confié que longtemps il n’avait pas accroché avec mon travail, car celui-ci était “ trop féminin…”, avant d’enfoncer le clou en ajoutant : “ Enfin, je voulais dire trop superficiel. ” Je me suis soudain souvenue que non, tout n’était pas acquis ! Jamais on ne dirait d’œuvres d’un artiste homme qu’elles sont masculines ou féminines. En réaction, j’ai initié un travail autour de la robe. Je voulais prendre à contre-pied cette idée d’un art soi-disant féminin, en m’appropriant un des symboles de la féminité, et lui faire dire autre chose. Sur cette une, par exemple, la robe exprime une violence. L’inceste ici raconté par Angot est l’abus de pouvoir par excellence. Quand l’adulte met son amour de père dans la balance, la violence est inouïe. «Cette robe blanche parle d’abord de pureté, de virginité. Et puis sous l’effet de cette violence, la robe se dévitalise, les fleurs se déchirent. Comme une innocence déflorée. J’ai utilisé une technique développée dans ma série intitulée la Stratégie du fantôme. Je dessine au stylo-bille au dos de la feuille, faisant ainsi apparaître sur la face exposée un relief, des boursouflures. C’est une effraction venue du dedans. Je travaille avec un support souple sous ma feuille, ce qui gêne le dessin et perce la feuille à certains moments. J’aime les accidents produits par ce geste rendu laborieux, cette gêne, cet inconfort au moment de créer. »

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