Françoise Pétrovitch

Peinture à l’huile sur impression papier 210g

H.73 x L.60,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1964 Naissance à Chambéry. Après un brevet technique d’arts graphiques, Françoise Pétrovitch étudie les arts appliqués à l’Ecole Normale Supérieure et obtient l’agrégation en art plastique. Elle enseigne aujourd’hui à l’école supérieure Estienne (Paris).

Depuis les années 2000, son travail est exposé en France et à l’étranger (à la galerie Semiose, au Musée de la Chasse et de la Nature, au Mac Val de Vitry sur Seine, au Musée d’art moderne de Saint Etienne, au LAAC de Dunkerque…)

2015 Elle est sélectionnée par le National Museum of Women in the Arts à Washington D.C. pour participer dans l’exposition biennale Women to Watch 2015.

En 2016, ses travaux seront exposés au Frac PACA et au Château de Tarascon.

Libération 2016

Le retour des 343 salopes

Par Françoise Pétrovitch (1964, France)

« Nous revisitons notre histoire, mais où est le point de vue des femmes, celui qui manque encore aujourd’hui ? La liste des participants à l’exposition “Des artistes à la une pour la liberté”, presque exclusivement masculine, m’a conforté dans l’envie d’investir une première de couverture consacrée aux droits des femmes. J’ai alors réalisé, avec le service documentation de Libération, que cette thématique était essentiellement traitée sous l’angle du pouvoir politique, et qu’elle prenait rarement la une ! Celle que j’ai retenue, Le retour des 343 salopes, est réduite à une moitié de page. Cette mise à la marge m’a interpellée, alors que je conçois le féminisme comme le combat de toutes les libertés, et comme une lutte qui doit aussi se mener avec et pour les hommes. Que cette une comporte en elle-même sa propre archive est significatif : le manifeste de 2011 est à la fois un hommage à la pétition parue en 1971 dans le magazine Le Nouvel Observateur et un constat d’échec. Quarante ans après la publication de la liste des 343 françaises qui ont défendu le droit à l’avortement et ouvert l’adoption à la loi Veil, l’égalité n’est pas encore acquise ; les conquêtes restent fragiles. Cette double temporalité met en évidence les répétitions d’une Histoire qui a parfois du mal à avancer. Ce manifeste de 2011, « l’égalité maintenant », est important et j’y adhère. Mais il est révélateur que son nom soit relégué au second plan au profit de l’évocation historique des « 343 salopes ». En écho à ce texte de une, ma peinture contient une part d’agressivité. La tête du personnage féminin est recouverte d’un crâne de mammifère, traduisant une attitude guerrière et ambiguë. Cette hybridation animale permet d’éluder la question de l’âge, de l’identité, et réaffirme l’universalité des droits et libertés : l’égalité maintenant, pour toutes et pour tous ! J’essaye de donner à l’art un droit de réponse, pour livrer une mémoire à la fois individuelle et collective. L’histoire et l’actualité. L’actualité et l’intime. Ces questions traversent mon travail. Pour mon projet Radio-Pétrovitch, initié en 2000 et poursuivi sur deux ans, j’écoutais chaque matin la première information sur France inter et y répondais par un dessin. Un deuxième croquis, cette fois intime et personnel, venait compléter ce dialogue, qui s’est construit avec 1462 dessins. Ici, j’ai choisi de respecter et d’assumer le parti pris initial de diviser la page en deux. Du côté gauche, je laisse toute sa place au titre, très informatif. Du côté droit, j’efface les trois cadres au profit d’une figure féminine. Cette composition permet un vis-à-vis entre la partie journalistique, écrite, et ma proposition artistique. Celle-ci n’est ni une illustration, ni un commentaire. J’aimerais qu’elle propose une interprétation ouverte. »

FR