Gianni Motti

Impression numérique originale 

H.74 x L.60,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1958 Naissance à Sondrio, Italie. Gianni Motti est aujourd’hui installé à Genève, où « [il]mène une vie exemplaire ».

1986 Dans une missive adressée à l’agence de presse Ansa, il revendique l’explosion de la navette Challenger.

1997 Gianni Motti s’incruste dans une sesssion de la Commission des droits de l’homme à l’ONU (Genève). Il pique le siège vide du délégué indonésien. Sa prise de parole en faveur des minorités ethniques fait mouche. Plusieurs représentants de différentes ethnies, touchés au vif par la verve de leur homologue indonésien, quittent la salle. La séance est interrompue.

2005 « Mani Pulite » : Gianni Motti fabrique une savonnette à partir du gras de Silvio Berlusconi, graisse récupérée auprès de la clinique suisse où le président du conseil italien vient de s’offrir une liposuccion. Berlusconi a été cité plusieurs fois dans la fameuse opération anti-corruption « Mains propres », qui donne son nom a cette œuvre.

2015 « Cosa Mentale » : expo (collective) au Centre Pompidou Metz, sur la télépathie dans l’art du XX° siècle.

Libération 2016

Sans titre

Par Gianni Motti (1958, Italie)

« J’étais avec des amis français lorsque j’ai reçu l’invitation à participer à ce projet. Nous étions en train de parler de l’Europe, alors nous nous sommes dit : pourquoi ne pas prendre la une du référendum sur la Constitution européenne de 2005 ? Pourquoi ne pas, dix ans après, remuer un peu le couteau dans la plaie ? Même s’ils avaient voté oui, mes amis trouvaient anormal que l’on n’ait pas tenu compte du choix des Français. Je me souviens qu’au moment du référendum, j’étais à Venise pour préparer la Biennale. J’avais certes vu passer cette une de Libé dans les kiosques à journaux mais en Italie, globalement, de cet épisode, on n’avait presque pas parlé. Cette couv’ a quelque chose d’apocalyptique. D’ailleurs, l’artiste Arsène Heitz qui a conçu le drapeau européen a déclaré un jour avoir trouvé l’inspiration dans le livre de l’Apocalypse selon Saint Jean. L’assomption de la Vierge Marie y est ainsi décrite : “Un signe grandiose est apparu dans le ciel, une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles”… Finalement c’est drôle de voir des présidents prônant la laïcité prononcer aujourd’hui leurs discours devant un tel drapeau. Libération est réputée pour ses unes très sobres et les jeux de mots dans les titres. Le dilemme, au moment d’intervenir, était donc : quoi faire de plus ? Peut-être que “l’attaque” était trop forte et qu’à l’instar de l’aïkido, j’ai répondu avec un geste le plus minimal possible. Dans ce presque-rien se produit un effet de renversement des rapports de force. En plus, en retournant verticalement la page, cela crée un trouble visuel. Tout est renversé sauf le “NON” qui reste tel quel. J’aime bien déranger un peu. Provoquer, sortir du rang. Cela fait partie de mon travail. Et puis j’aime la performance. Je ne peux pas me contenter de la galerie. D’ailleurs, je n’ai pas d’atelier à proprement parler. Mon atelier, c’est un hamac mexicain vert et rouge. Je m’y allonge et, porté par la gravité, les idées me viennent. Si mon travail se nourrit forcément de ce qui l’entoure, depuis un moment, je garde mes distances vis-à-vis de l’actualité. Je pratique la diète médiatique. Cela pour garder mon optimisme, car, comme dit le proverbe, “un pessimiste est un optimiste bien informé”… »

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