Guy Limone

Collage de figurines (+ ou – 300) en plastique peintes en noir et en blanc (échelle 1/89°) sur photo (verre) de la couverture de Libération

H.73 x L.60 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1958 Naissance à Villefranche sur Saône.

1987 Il sort des Beaux Arts, et commence à travailler une série qu’il n’abandonnera dès lors plus: les Statistiques. Ces statistiques, glanées dans la presse, donnent leur nom à ses premières œuvres : « Seul 1% des Français rêve de devenir Premier ministre », en 1987, « Seuls 14% des Français seraient parti-sans d’une société sans hiérarchie et sans chef », en 1988, etc.

2012 « Foules qui tiennent », à la Chapelle du Carmel, Chalon-sur-Saône. « Espace Public », à la Galerie Perrotin (Paris), qui le représente.

2014 Exposition personnelle « 1/87° », au Centre de création contemporaine (CCC) de Tours. Il participe à l’expo « G I R L, curated by Pharrell Williams », à la Galerie Perrotin (Paris).

2015 Installation permanente « Horizon Chromatique », Washington Plaza, Paris.

Libération 2016

EGYPTE DEBOUT

Par Guy Limone (1958, France)

« Sur cette une, qui parle des révolutions arabes, je vois d’abord une foule, puis les détails, les gens, que l’ont distingue aisément. Ça tombe bien, je travaille beaucoup, dans mes œuvres, sur cette idée. Depuis longtemps, en effet, les foules me turlupinent. Je les collectionne, même. Cela fait maintenant une quinzaine d’années que je découpe dans les journaux et magazines des images de foules, pour une série encore en cours de collages que j’ai jusque là très peu montrés. Ces foules, elles sont dans les stades, dans les manifs ou dans les banlieues. Je ne sais pas exactement d’où vient cette fascination. Probablement un peu de mon enfance. Je suis issu d’une famille très nombreuse, sept enfants. C’était donc déjà la foule à la maison. La question du “comment reste-t-on un individu dans un groupe” m’a donc habité très tôt. Puis, lorsque je me suis installé à Marseille, la foule a continué de me travailler. J’avais mon atelier sur le Vieux Port, où les gens se regroupent continuellement : il y a toujours une manif ou un événement justifiant de se rassembler nombreux. J’ai baigné dans cette multitude. J’aime aussi l’idée de couleur dans les foules, la couleur étant une notion centrale de mon travail. Pour communiquer, les foules se peignent elles-mêmes. Marches blanches ou rouges, chemises jaunes, bonnets rouges, rassemblement des verts, ou bleu marine… La foule porte bien la couleur. J’ai choisi de recouvrir cette une avec des petites figurines de maquettes de train. Il y a en environ 350, peintes en noir et blanc. J’emploie très souvent ce matériau depuis l’année de mon diplôme aux Beaux Arts, en 1985. Elles sont de fabrication allemande, et ressemblent à des miniatures de sculptures très réalistes, tout en étant des jouets. Elles sont donc une forme de synthèse entre mon métier de jeunesse, quand je bossais dans des centres aérés pour payer mes études, et mon métier d’aujourd’hui, celui d’artiste. Je les pratique à l’échelle 1/87° ou 1/160°. Pourquoi ce matériau ? Parce que la figurine m’évoque à la fois le détail et le nombre. Elles sont un jeu entre le minimalisme et les jouets d’enfants. Je crée ainsi ma propre foule, qui nous fait quitter l’image pour une réalité en volume. »

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