Joana Hadjithomas & Khalil Joreige

Tirage photographique

H.79 x L.62,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1969 Naissance à Beyrouth, au Liban, où ils vivent et travaillent.

1997 Joana Hadjithomas et Khalil Joreige débutent le projet plastique Wonder Beirut, composé de trois volets, qu’ils poursuivront sur plusieurs années.

2005 A Perfect Day, long-métrage de fiction, est récompensé du prix Fipresci (Fédération internationale de la presse cinématographique) au Festival international du film de Locarno.

2008 Ils présentent au Festival de Cannes, dans la section Un certain regard, Je veux voir, long-métrage de fiction avec Catherine Deneuve et Rabih Mroué. Lauréat du prix du meilleur film singulier de l’année.

2012 Leur projet The Lebanese Rocket Society, dédié à l’aventure spatiale libanaise des années 60, donne lieu à un documentaire et à de nombreuses installations.

2014 Ils élaborent tout un ensemble de recherches plastiques et filmiques autour des arnaques internet, les scams.

En 2016, ils présenteront une exposition monographique au Musée du Jeu de Paume. Aujourd’hui, leur travail de cinéastes et plasticiens est présenté à travers le monde comme par exemple au Centre Pompidou à Paris, au Guggenheim à New York, au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, à la Biennale de Venise…

Libération 2016

Samedi 29 janvier 2011

Par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (1969, Liban)

« Le soulèvement égyptien de 2011 est l’affaire de tous. Il incarne une énergie et une volonté de changement qui donnent de l’espoir. En réactivant dans le présent cette une historique, nous souhaitons montrer comment, en un certain lieu et une certaine époque, la société civile peut désobéir pour défendre des idéaux. Les révolutions arabes ont généré des images émotionnellement très fortes, dont l’impact dépasse les frontières nationales. Celle retenue par Libération accentue l’aspect historique de l’événement. Nous l’avons retravaillée avec un procédé développé dans notre projet Wonder Beirut, mené de 1997 à 2006. Nous sommes alors intervenus sur une série de vieilles cartes postales de Beyrouth que nous avons partiellement brûlées et que nous avons attribuées à un photographe pyromane fictif, Abdallah Farah. Notre voulions questionner la représentation de l’écriture de l’Histoire et de la guerre, en inscrivant le conflit libanais au cœur de la vision idéale produite par l’imagerie touristique. Ici, nous avons aussi souhaité réactiver au présent la une de Libération, en apportant la dimension poétique inhérente à cette révolution mais aussi en en faisant l’écho de ce que nous vivons aujourd’hui. Nous avons tiré de la première de couverture une diapositive puis nous avons brûlé une partie de l’image. Ce geste questionne la manière dont la violence transforme et affecte la représentation et l’image elle-même. Les silhouettes se détachent, le contexte s’efface questionnant l’incarnation d’autres engagements, d’autres luttes, ailleurs sur le globe. Aujourd’hui, les territoires s’entremêlent, rendant les raisonnements fragmentés et binaires caduques : on se rend compte que ce qui se passe ailleurs a des retombées directes ici… Cette une, nous l’avons choisie parce qu’elle interroge chacun sur les dysfonctionnements actuels. En tant qu’artistes, nous travaillons sur une temporalité très différente de celle des médias. Nous ne reportons pas, n’informons pas. Notre travail tente un déplacement du regard, pour permettre d’autres formes d’appréhensions de notre présent. Car il est urgent de repenser la complexité du monde, de désobéir, de se soulever.»

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