Mrdjan Bajic

Collage et acrylique sur impression papier 210g

H.73 x L.60,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1957 Naissance à Belgrade (Serbie).

1976/1983 Mrdjan Bajić étudie la sculpture à la Faculté des beaux-arts de Belgrade.

1990 Il participe à la Biennale de Venise et à la 8 Biennale de Sydney.

De 1990 à 1996 Mrdjan Bajić vit à Paris, à la Cité Internationale des Arts.

Depuis 1997 Il enseigne à la faculté des beaux-arts de Belgrade.

2007 Il représente la Serbie à la 52° Biennale de Venise, lors de l’inauguration du Pavillon de la Serbie en tant que pays indépendant.

Mrdjan Bajić vit actuellement à Belgrade. Il est Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.

Libération 2016

Challenger nous avons un problème

Par Mrdjan Bajic (1957, Serbie)

« L’image de cette une est saisissante car elle confronte deux univers totalement différents : un vaisseau spatial et la Terre ; la haute technologie et la planète ; la solitude d’un équipage et les milliards d’être humains qui peuplent le monde. Le titre renvoie à la mission lunaire Apollo 13, dont l’histoire a retenu la panne et le célèbre “Houston, nous avons un problème”. C’était en 1970. Je me souviens du sentiment d’empathie envers les trois astronautes, si vulnérables, qui traversa alors la société. Rares sont les événements qui réunissent le monde entier, et cette aventure spatiale en fait partie. Son pouvoir d’attraction relève du mythe, et crée une imagerie partagée au-delà des différences culturelles. J’ai souhaité faire appel à ce socle imaginaire commun pour interpeller le plus grand nombre sur la crise écologique. Je travaille beaucoup sur la transformation, et j’ai été marqué par les photographies, glanées sur le web, de légumes monstrueux provenant de Fukushima. Vrais ou faux, ces clichés représentent l’horreur. A partir de ces images, j’ai imaginé un globe terrestre se dégradant à la manière d’un produit naturel. Menacé d’effritement, il ne tient que par du bricolage, à moins que ce ne soit par le miracle de la communauté humaine…! J’ai souhaité déplacer le “problème” de la mission Apollo 13 à celui de l’humanité toute entière. Il ne s’agit plus d’une poignée de scientifiques en danger, luttant pour éliminer le dioxyde de carbone de leur module lunaire, mais de 7 milliards d’individus menacés de surchauffe sur une planète bien mal en point… J’aime cette ligne de crête où peuvent se côtoyer l’humour et l’horreur. Il y a là une zone de jeu qui m’intéresse beaucoup. On sait que les astronautes de cette mission ont survécu ; on sait aussi que la Terre n’est pas aussi déformée que je la dépeins. Mais il s’agit d’un signal, qui convoque la responsabilité personnelle et collective. L’enjeu est universel et terriblement actuel. »

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