Tania Mouraud

Impression numérique originale

H.72,5 x L.60,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1942 Naissance à Paris. Fille de Marcel Mouraud, avocat, collectionneur d’art et résistant, et de Martine Sersiron, écrivaine, journaliste, femme d’affaires et résistante.

1960 Après une éducation en Angleterre, Tania Mouraud rentre en France et effectue plusieurs séjours en Angleterre et en Allemagne. Elle découvre John Cage, les actions du groupe Fluxus, Joseph Beuys, le jazz, et débute la peinture.

1968 Elle brûle la totalité de ses tableaux dans la cour de l’hôpital de Villejuif. À partir de cette date, elle réalise les Initiation Rooms ou Chambres de méditation, pour une exploration psychosensorielle de l’espace.

1977 Elle investit pour la première fois l’espace public avec City Performance n°1. Le mot « NI » est déployé sur 54 panneaux publicitaires dans le nord-est parisien.

2002 Elle fonde le groupe d’expérimentation sonore « Unité de Production » avec Cyprien Dedeurwaeder (Cyprien Quairiat), Ruben Garcia, Pierre Petit, Marie-Odile Sambourg, Sylvain Souque et Baptiste Vanweydeveldt.

2014 Elle présente « Ad Nauseam », installation audiovisuelle et sonore en collaboration avec l’Ircam, au MAC/VAL-Musée d’art contemporain du Val-de- Marne, Vitry-sur-Seine.

2015 Le Centre Pompidou-Metz lui consacre une rétrospective.

Libération 2016

Même pas peur

Par Tania Mouraud (1942, France)

« Après la rétrospective que m’a consacrée le Centre Pompidou à Metz, j’ai vu dans le projet de Libération l’occasion de m’inscrire à nouveau dans le temps présent. Le choix de cette une s’est imposé. La manifestation massive qui a suivi les attentats contre Charlie Hebdo incarne à mes yeux l’acte démocratique par excellence. C’est l’expression d’une parole individuelle et responsable, démultipliée : on sort dans la rue et on dit ce qu’on pense. Cette image de défilé m’a marquée par les idéaux qu’elle véhicule. Elle témoigne d’une indignation positive, quand bien même il peut y avoir des ombres au tableau. J’aime ces actes de foule anonyme. Pour cette une, j’ai repris le visuel “MEMEPASPEUR” que j’ai conçu pour la façade du Mac Val, dans le cadre de l’expostion “Ad Nauseam”. Il faisait écho à l’installation audiovisuelle confrontant le public à une usine de pilonnage de livres, au sein du musée. “Même pas peur” d’exposer, “même pas peur” de parler, d’écrire, de dessiner, de m’engager : cette inscription a pris avec les événements du 7 janvier une ampleur inattendue. J’ai souvent été qualifiée d’artiste engagée. Mais je ne me définis pas comme telle, car je n’appartiens à aucun parti et j’ai toujours revendiqué ma liberté. Je me sens plus proche de la notion de citoyenneté, qui est pour moi une attitude face à la vie. Être citoyen, c’est vivre les yeux ouverts sur le monde. Je travaille depuis 50 ans en lien avec l’histoire, l’actualité. Ce qui m’intéresse, c’est le vécu personnel de ces événements. Je suis une combattante. Je suis la fille de résistants. Mon père est mort pour la Résistance, dans le Vercors. Défendre la liberté d’expression est un combat permanent, qui me touche particulièrement en tant que femme. Il est indispensable aujourd’hui encore de se mobiliser. Chaque manifestation renforce la démocratie. »

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