Riikka Hyvönen

Peinture acrylique sur impression papier 210g

H.75 x L.59,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1982 Naissance à Rovaniemi (Finlande). Après avoir travaillé comme coiffeuse et maquilleuse, Rikka Hyvönen devient l’assistante de l’artiste Jani Leinonen.

2015 Elle est diplômée d’un master de l’université des Beaux-Arts d’Helsinki et d’une licence d’arts plastiques de l’Université Goldsmiths de Londres.

2015 Son exposition Roller Derby Kisses est présentée à l’Institut Finlandais de Londres.

2016 Deux expositions monographiques présentent ses travaux à la galerie Saariaho Järvenpää à Helsinki, et à la galerie Chabah Yelmani à Bruxelles.

Libération 2016

Il devrait te traiter comme une princesse

Par Riikka Hyvönen (1982, Finlande)

« Je mène depuis plusieurs années un travail sur les ecchymoses des joueuses de Roller Derby qui m’a valu de nombreux reproches. J’ai été accusée de réduire le corps à l’état d’objet, de stigmatiser les rondes, de rendre glamour la violence envers les femmes… Les blessures sportives n’ont pourtant rien à voir avec les attaques sexistes ! Ces bleus, que j’appelle aussi des “baisers”, ont valeur de trophées d’honneur au sein du groupe ; ils sont souvent photographiés et partagés sur Internet par les joueuses. Le choix de cette une s’est imposé, l’égalité femmes-hommes étant une valeur très importante pour moi, comme elle devrait l’être pour tous. Mais il m’a fallu beaucoup de temps pour décider qu’en faire. Réaliser une peinture colorée et visuellement attrayante sur un sujet aussi grave peut sembler contradictoire et contre-productif. Bien sûr, il ne s’agit pas de romancer la violence domestique. Mais sa représentation stéréotypée, souvent relayée par les médias, n’est ni convaincante ni efficace. Les victimes de la violence conjugale sont habituellement dépeintes comme des êtres faibles et opprimés. C’est pourtant une situation qui peut toucher toutes les femmes, quelque soit leur caractère. J’ai représenté le couple parfait formé par Super Mario et la Princesse Peach, mascottes de Nintendo, pour donner un visage familier et un nom à la figure floue et anonyme de la une originale. La culture pop est ma princi-pale source d’inspiration, et je l’associe souvent à une esthétique colorée et kitch, dont je détourne l’usage premier. Ici, le macabre fait irruption dans l’univers ludique, avec la figure sanguinolente de la célèbre héroïne de jeu vidéo. Ces personnages sont extérieurs au journal, ils n’existent qu’à la une. Introduire le réel par la fiction renvoie à une évidence souvent niée : la violence domestique n’est pas imaginaire. Elle est toujours actuelle et concerne des personnes que nous connaissons. “Tu devrais la traiter comme une princesse” : le titre est un clin d’œil à l’univers du jeu vidéo, mais il est aussi une injonction à prendre au premier degré. »

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