Mohamed Ben Slama

Acrylique sur impression papier 210g

H.74 x L.68,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1974 Naissance à Tunis. Autodidacte, Mohamed Ben Slama est artiste peintre depuis l’âge de 17 ans.

2002-2003 Il bénéficie d’une bourse de séjour à la cité internationale des arts à Paris et d’une résidence au Liban.

Depuis 2005 Il expose régulièrement ses œuvres à la galerie tunisienne Kanvas Art Gallery.

2012 Il est au cœur d’une violente polémique en Tunisie. Une exposition d’art contemporain, à laquelle il participe, donne lieu à des violences de la part de groupuscules salafistes. Il vit et travaille aujourd’hui à Paris.

Libération 2016

Gueule de bois

Par Mohamed Ben Slama (1974, Tunisie)

« Cette une consacrée à Gaza m’a interpellé, car je l’ai vue comme un terrain de jeu propice à la manipulation. J’ai transformé cette scène de guerre apocalyptique en lendemain de fête sympathique. Deux personnes ramènent un Dieu ivre et chancelant chez lui. C’est une fin de carnaval, accompagnée d’une gueule de bois monumentale. Que s’est-il exactement passé durant la nuit ? Il règne une atmosphère de science-fiction qui laisse le mystère entier. C’est à la fois tendre et moqueur, réaliste et enfantin, comme souvent dans mes œuvres. J’adore les dessins animés, car ils finissent toujours bien et créent un univers où la mort n’est jamais définitive. Ils sont pour moi une échappatoire absurde mais efficace. Je suis un pacifiste allergique au fanatisme, mais sans illusion sur la nature humaine. Ce que l’on vit aujourd’hui, les récents attentats à Tunis et à Paris, me bouleversent. La guerre qui oppose israéliens et palestiniens, dans le lieu de naissance des trois religions monothéistes, ne semble jamais finir. J’ai voulu dire “Assez”! Dans ce conflit de pouvoir et d’argent, la religion a sa part aussi. J’ai peint un Dieu déchu, car il n’existe pas à mes yeux. Les croyants me semblent plus dangereux que les athées. Mais je préfère essayer d’en rire : l’humour permet de démystifier la guerre. L’actualité, mais aussi la mythologie et ma propre vie irriguent mon travail. Je me documente beaucoup avant de réaliser une œuvre, même s’il est vrai que j’oublie beaucoup aussi ! Me restent des fragments, qui traversent mes créations. Face à l’impossibilité d’échapper au réel, je choisis de le détourner et de le réinterpréter à ma manière, dans mes peintures. L’engagement d’un artiste se mesure à son intégrité ; s’il fait bien son travail, il participe à la défense de la liberté. Il y a trois ans, j’ai fait le choix de partir en France pour garder cette liberté là, car les artistes sont encore menacés en Tunisie. La révolution a engendré énergie et créativité, mais aujourd’hui, l’autocensure se développe.»

FR