Tilt

Impression numérique originale d’après aquarelle

H.73,5 x L.60,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1973 Naissance à Toulouse, où il réside toujours.

1988 Tilt a 15 ans et fait ses premiers tags sur les rampes de skate.

1998 Première expo (collective), lors de Biennale d’Art Contemporain Place Belcourt, à Lyon.

2005 Expos « Egodrips » à la Disrupt gallery d’Auckland (Nouvelle Zélande) et « FeTiltism » au Reffill Space de Sydney (Australie).

2010 Il réalise sa toute première installation Panic Room, dans le sous-sol de la galerie Celal à Paris: reconstitution d’une chambre d’hôtel couverte d’une accumulation chaotique de tags et de flops (lettrage en forme de bulle, peint d’un seul trait).

2012 Nouvelle Panic Room, cette fois dans la chambre d’un hôtel du quartier du Panier, à Marseille.

2013 « All you can eat », expo solo à la galerie Fabien Castanier, à Los Angeles.

2014 Participation à la YIA art fair, avec la galerie Wallworks, Paris.

2015 « Spectrum », nouvelle Panic Room versus a Banksy collection, à Christchurch (Nouvelle Zélande).

Libération 2016

Carlton

Par Tilt (1973, France)

« J’ai décidé d’appréhender cette couv sous le prisme de la double lecture, avec ou sans contexte. C’est une démarche que je travaille beaucoup dans mes œuvres : imaginer la double existence d’un même sujet, d’un même objet, etc. Ici, je vois deux choses. D’abord, évidemment, un phénomène de société dégueulasse : des gamines que l’on kidnappe, une mafia qui les exploite. Et puis, lorsque je décontextualise l’image et que j’oublie le titre, je vois autre chose. Une mise en scène évocatrice, une iconographie particulière, une atmosphère, bref : une image érotique. Ce sont les talons qui, chez moi, déclenchent cette seconde lecture. Je suis un fétichiste dans l’âme et dans la pratique. Je collectionne d’ailleurs les talons aiguilles depuis un bon bout de temps. Aussi, derrière cette image terrible, je saisis quelque chose de visuellement sexy, d’attirant. C’est très tabou ce que je dis, j’en ai conscience. Mais j’assume pleinement ce choix de ne regarder que la forme, de défendre un parti pris purement plastique et fétichiste, plutôt que politique. Et de zapper délibérément le fond. Cette décision de décontextualisation a à voir avec mon rapport à l’actu. L’actualité reste en effet très en marge de mon travail. Je l’ai toujours gardée bien à distance. Je dirais même que je la fuis. Dans ma pratique artistique, je n’ai toujours pas trouvé la manière ni l’envie de parler du temps présent : je suis plutôt du genre nostalgique, voire passéiste. Mon idéal ? Le graffiti des années 70 à Soho, New York. Je me méfie aussi de la manière dont on traite l’actu aujourd’hui. Prenez les attentats du 13 novembre. Ce fut, à mon sens, un grand moment de surmédiatisation, dont les effets ne sont pas anodins. Il a d’abord la peur que cette surmédiatisation du terrorisme génère. Mis sous pression par ce déluge d’infos, on a tous l’impression que la prochaine salve de kalach’ est pour nous, qu’elle nous attend au prochain au coin de rue. Il y a ensuite le discours patriote qu’elle véhicule. D’un seul coup, BFMTV ou même Facebook deviennent le lieu d’un patriotisme exacerbé dont, personnellement, je préfère vraiment me tenir éloigné. Mon intervention sur cette une se focalise sur cette paire de talons. Je la réinterprète avec mon style d’accumulation calligraphique, qui tente de casser le street-art figuratif et décoratif. J’ai dû pour cela changer de support : la peinture à la bombe a besoin de grand format ! J’ai donc peint mon sujet sur une grande toile, je l’ai ensuite changé d’échelle et monté sur la une de Libé. »

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