Xiao Fan Ru

Collage et peinture à l’huile sur impression papier 210g

H.72 x L.55,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1954 Naissance à Nankin (province du Jiangsu), au sein d’une fa-mille issue de l’ancienne bourgeoisie intellectuelle chinoise.

Début des années 1970 Conséquence de la révolution culturelle lancée par Mao, Xiao Fan Ru, alors étudiant en art, est envoyé travailler dans une petite usine de couture. Il y passera plusieurs années.

1983 Aidé par un diplomate, un étudiant français et un correspondant du Monde en Chine, devenus ses amis, il par-vient à quitter la Chine pour Paris.

1986 Il sort des Beaux-Arts de Paris, diplôme en poche.

1999/2001 Il peint Cent fleurs, une série de cent huiles sur toile, qu’il montre lors d’une première importante expo personnelle en 1999 à Saint-Gaudens (DRAC Midi-Pyrénées).

2004 Il présente à Paris (galerie RX) et New-York (White Box) les premières toiles de sa série Bubble Game, des natures mortes inspirées du matérialisme de la Chine du XXI° siècle.

Libération 2016

Vive la liberté

Par Xiofan Ru (1954, Chine)

« J’ai décidé de revisiter cette une en travaillant sur la théâtralité. C’est une manière de révéler la dramaturgie de cette foule en mouvement. Le théâtre, chinois comme occidental, a toujours été une grande force d’inspiration pour moi. Il met en lumière l’impuissance qui caractérise nos existences, la dimension spectatrice de nos vies. Dans le théâtre chinois, la vie est perçue comme le simple acte d’une pièce. Comme quelque chose qui passe, inéluctablement, et ne s’éternise pas. Je suis sensible à cette idée. Je convoque pour cette œuvre une figurine Playmobil, que je représente d’ailleurs dans plusieurs toiles d’une série en cours. Ce modèle réduit donne de la distance, permet de regarder de plus loin, avec recul. Et puis les Playmobil sont un véritable support de théâtre… Lorsque mes enfants y jouent, ils imaginent des personnages et se racontent des histoires pas possibles, que je ne comprends pas. L’autre référence qui me vient à l’esprit au moment de mettre en scène mes dernières œuvres, c’est une citation de l’écrivain Milan Kundera. Je ne me souviens pas de la formulation exacte, mais l’auteur dit quelque chose comme : “ Quand il regarde les humains réfléchir, Dieu rit ”. Il y a un peu de ça dans mon intervention. Finalement, en tant qu’artiste, je me situe entre l’enfant jouant aux Playmobil et le Dieu de Kundera, qui rigole de la violence des hommes. Mon thème de prédilection est ici encore le pouvoir, symbolisé par la couronne. Cet objet, apparemment anachronique, dit pourtant le fonctionnement assez monarchique des sociétés démocratiques d’aujourd’hui, corrompues par l’argent. Le pouvoir est partout. Même dans l’art. Le marché décrète que l’art doit être ceci, qu’il doit être cela. Fait pour émanciper, l’art véhicule lui aussi une violente lutte de pouvoir. Ce thème ne vient bien-sûr pas de nulle part. Il m’imprègne depuis ma jeunesse, en Chine, au temps de la révolution culturelle. Un temps au cours duquel le moindre détail de notre vie quotidienne était sous influence, sous contrôle. Comme cette ombre qui plane souvent sur mes toiles, et que je sens sur moi, encore aujourd’hui. »

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