Adel Abdessemed

Portrait de Goldshifteh Farahani par Adel Abdessemed

Fusain sur papier Arches.

Madame Figaro 2020

Golshifteh Farahani, actrice

POURQUOI ELLE ? « IL EXISTE DES ARTISTES ENGAGÉS, DES ACTEURS ENGAGÉS. VOILÀ DONC GOLSHIFTEH, TENDRE PROVOCATRICE, RÉVOLTÉE LUCIDE…IMPLACABLE AVEC SES ENNEMIS FANATIQUES, DOUCE AVEC SES AMIS. »

 Née à Téhéran en 1983, enfant de la guerre, Golshifteh Farahani est une exilée. Adolescente, elle est attaquée à l’acide par un homme, qui la juge « pas assez couverte ».

Protégée par son sac à dos et son manteau, elle est brûlée à la main. En 2008, elle décroche,au côté de Leonardo DiCaprio, le rôle féminin dans Mensonges d’État, thriller de Ridley Scott. Elle devient ainsi la première star iranienne à franchir les portes de Hollywood depuis la révolution islamique de 1979. Ce film irritera le pouvoir iranien, qui lui confisquera son passeport. Elle réussira cependant à quitter l’Iran pour rejoindre un autre tournage.

« Tourner, c’est ouvrir la porte du paradis », confie cette passionnée, qui vit désormais en exil de peur de regagner son pays. Dans le film de l’écrivain-réalisateur Atiq Rahimi, tiré de son livre Syngué Sabour, Prix Goncourt 2008, elle incarne le rôle magnifique d’une femme soumise qui s’affranchit par la parole. Un rôle à son image.

Par Adel Abdessemed

Né en 1971 à Constantine, élève aux Beaux-Arts de Batna, d’Alger puis de Lyon où il a immigré en 1994 pendant la guerre civile en Algérie, Adel Abdessemed est un artiste cérébral, engagé, puissant. Un artiste de combat, qui oblige à réfléchir sur la violence.

« L’artiste doit créer des œuvres de résistance », dit-il. Il utilise tous les langages mis à sa disposition (vidéo, peinture, sculpture) pour exprimer sa rage, face à l’humanité qui fait preuve de tant d’ingéniosité pour organiser sa destruction. Sa monumentale sculpture Coup de tête, représentant le geste de Zinédine Zidane lors de la Coupe du monde 2006, est l’une des plus célèbres. En 2018, il présente, avec la complicité de Jean Nouvel,une exposition à Arles intitulée Au-delà du principe de plaisir, qui fait l’objet d’un catalogue rétrospectif chez Actes Sud. On y retrouve les sculptures et photos réalisées dans la rue qui longe son studio à Paris, où il n’a pas hésité à amener un lion, à mettre le feu à ses vêtements ou à disposer des squelettes…

CAUSE : PARIS TOUT P’TITS, association d’aide matérielle destinée aux familles démunies avec des enfants en bas âge.

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