Acrylique et gouache
H.73 x L.60,5 cm
H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)
Bio
1941 Naissance à Château-Arnoux-Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence).
1961 Premières peintures, des toiles recouvertes de goudron.
1966 Bernar Venet s’installe à New York, où il rencontre l’avant-garde de l’art minimal : Donald Judd, Sol LeWitt, Carl Andre, etc. Il peint ses premières œuvres mathématiques.
1971 Il choisit de mettre un terme à sa pratique artistique. Il se consacre notamment à l’enseignement et à la promotion de son travail, comme lors de la rétrospective Les cinq années de Bernar Venet, au New York Cultural Center (1971). Cette trêve créatrice durera cinq ans.
1976 Il se remet à l’ouvrage, et expose à la documenta (6) de Kassel (Allemagne).
1983 Premières lignes indéterminées.
2011 Il investit les jardins du Château de Versailles, où il déploie six installations monumentales.
2014 Ouverture de la Fondation Venet, auMuy (Var). La collection réunit une centaine d’œuvres parmi lesquelles celles de Carl Andre, César, Donal Judd, Man Ray, Frank Stella ou encore Arman et Jannis Kounellis.
Ligne indéterminée
Par Bernar Venet (1941, France)
« Je n’ai pas tenu compte de l’image d’origine. Mon travail est totalement autoréférentiel, il n’a pas besoin du contexte ni ne cherche de relation avec lui, il dépend de sa propre matrice conceptuelle. J’ai tracé une ligne indéterminée. Quelque chose qui me ressemble, quelque chose qui dit mon œuvre : qu’elle soit droite, anguleuse, brisée, ou indéterminée, la ligne imprègne ma création depuis l’origine. Ces lignes sont d’abord un volume. Je crée toujours en 3D. Je réalise mes maquettes avec des barres d’acier de 10 à 18 mm, que je tords jusqu’à obtenir la forme voulue. Lorsqu’elle est réussie, deux options s’offrent à moi : je peux soit décider d’en faire une sculpture monumentale, soit d’en exploiter l’image, en saisissant par la photographie les angles particuliers qui me plaisent, à partir desquelles je pourrai alors imaginer un dessin ou une toile. Je ne m’impose aucune règle. L’improvisation et l’impulsion déclenchent et jalonnent le processus de création. Il y a un an et demi, par exemple, je me suis réveillé un matin et j’ai commandé 200 arcs d’acier. D’une tonne chacun. J’ai composé ma sculpture et, au 150° arc posé, je ne pouvais plus rien ajouter. J’étais arrivé à l’œuvre qui s’imposait, un effondrement dont le résultat était très puissant. J’ai renvoyé à l’usine les 50 arcs restants. Finalement, un an plus tard, en 2015, j’ai décidé de réintégrer ces 50 arcs orphelins. Un nouvel effondrement est né. C’est à ce jour ma pièce majeure, mon chef-d’œuvre. Du moins, jusqu’à ma prochaine idée. L’acier demeure mon matériau fétiche. J’aime sa brutalité, sa rouille, le travail pharaonique qu’il exige. Il est un matériau a priori non séducteur, qui s’impose. Il me correspond bien. J’emploie de l’acier Corten pour les travaux géométriques, et de l’acier XC 10 lorsqu’il y a torsion, comme pour les lignes indéterminées. Une équipe de 27 personnes réalisent mes pièces dans une usine en Hongrie. Outre l’acier, mon travail puise dans la dimension formelle des mathématiques. Et y trouve une radicalité, une rupture avec ce que l’art était jusqu’alors capable de produire. Je ne fais plus de l’abstrait, je ne fais plus du figuratif, j’introduis une troisième dimension. J’objectivise. Je m’extrais des champs existants. Je n’ai qu’une ambition, dans mon art : remettre en question tout ce que j’ai appris. »