Pochoir à l’aérosol, marqueur et peinture sur impression papier 210g
H.73 x L.60,5 cm
H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)
Bio
1973 Naissance à Bondy en Seine-Saint-Denis.
2000 Diplômé d’un master d’histoire de l’art en théorie de l’architecture.
2003 Naissance de sa fille Nina, qui est souvent le sujet de ses portraits.
2006 Christian Guémy débute le pochoir de rue.
2008 Il participe au Cans Festival de Banksy à Londres.
2014 Sa série Douce France est présentée à la Galerie Itinerrance, à la Mairie du 13° arrondissement (Paris), au centre d’art Spacejunk (Bayonne) ou encore au Palais Bénédictine (Fécamp).
2015 Il est exposé au musée des Arts et Métier, où ses œuvres offrent une passerelle entre arts et science. La même année, les éditions Albin Michel lui consacrent une monographie.
Mardi 27 mai 2014
Par C215 (1973, France)
« Les artistes de rue sont peu marqués politiquement. Les prises de positions clivantes sont rares, la plupart restent dans le consensus. Pour ma part, j’ai décidé de m’engager, non pas en tant que militant, car aucun parti n’incarne mes idées, mais en m’exprimant à travers mes œuvres, pour défendre l’égalité et la laïcité. Je pense qu’en art, il n’existe pas de mauvais sujets, seulement de mauvais traitements. Je viens d’une famille très populaire où le racisme est extrêmement fort, et je travaille sur ce thème depuis longtemps. Lorsque Christiane Taubira a été victime d’attaques racistes, j’ai souhaité rendre hommage à son courage et à sa tolérance en peignant son portrait sur un mur de Vitry-sur-Seine. Avec mon exposition Douce France, présentée à Fécamp, à Bayonne, ou encore à la mairie du 13° arrondissement parisien, j’ai voulu ridiculiser le concept d’identité nationale cher à l’extrême droite et renverser certaines idées reçues. Apporter mon regard sur l’actualité politique, à travers une première de couverture de Libération, s’inscrit donc dans la continuité de ma démarche. Sur cette une, c’est la collision de deux informations à priori sans rapport qui m’a intéressée : l’affaire Bygmalion, qui touche Nicolas Sarkozy, et la montée du Front National. Ces deux faits sont très liés à mes yeux, car les affaires impliquant des élus en responsabilité décrédibilisent la classe politique et favorisent le FN. Mes créations varient en fonction du média et du contexte. Dans la rue, mes œuvres s’imposent au regard des passants sans que ceux-ci ne les aient sollicitées, car elles occupent l’espace public. J’essaye donc d’adopter une certaine modération dans mes messages. La lecture d’un journal, au contraire, implique un contrat tacite qui est plus favorable à une expression sans filtre. La figure de Charlie Chaplin en dictateur, que j’ai réalisée au pochoir et à l’aérosol, est une dénonciation évidente des politiques, FN en tête, qui sont à mes yeux des aspirants dictateurs. J’ai choisi de traiter d’une situation grave par l’humour et le pastiche. L’icône du cinéma muet permet aussi de dresser un parallèle entre la France d’aujourd’hui et celle des années 30. La gauche est complètement laminée, sans réelle perspective de renouvellement, et la droitisation de la société m’inquiète. La société bourgeoise s’oriente vers le populisme, le parti Les républicains est prêt à franchir le pas d’une alliance avec le FN ; artistes et intellectuels se roulent dans la farine du pouvoir. En 2017, je crains que le climat politique change beaucoup pour les artistes. Le FN soulève parfois de vraies interrogations, mais il confisque les questions et n’apporte que de mauvaises réponses.»