Ivan Plusch

Acrylique sur impression papier 210g

H.73 x L.60,5 cm

H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)

Bio

1981 Naissance en Russie.

1991 Ivan Plusch a 10 ans lorsque s’éteint l’URSS. Les grands bouleversements sociétaux et sociologiques qui se préparent infuseront fortement les créations du Ivan Plusch adulte. Aliénation et liberté d’expression, médias ou encore rapport de l’homme à la société sont parmi ses thèmes de prédilection.

2003/2009 Il étudie à la St. Petersburg State Academy of Art and Design.

2010/2013 Ivan Plusch est en résidence à la Cité internationale des Arts de Paris.

2015 Il participe à l’exposition collective « Glasstress 2015 Gotika » (Biennale de Venise). Exposition personnelle « Strange/Private » à la galerie Iragui, à Moscou.

Libération 2016

Syria. no comments

Par Ivan Plusch (1981, Russie)

« En Russie, nous tentons de suivre ce qui se passe en Syrie, mais ce n’est pas évident : la désinformation organisée pour le pouvoir n’aide pas à y voir clair, ni à comprendre cette guerre. Informations et guerre sont d’ailleurs deux thématiques fortes de mon œuvre. Travailler sur cette une, cet objet purement médiatique, a donc été finalement assez naturel pour moi. Dans ma pratique artistique, je recours notamment très souvent aux images télévisées. C’est un matériau dangereux et fascinant. Face à leur télévision, les gens se mettent à penser comme une foule, ils abandonnent l’habitude de se faire leur propre avis, cessent de penser individuellement. J’ai fait référence à cette problématique très tôt dans ma carrière. L’une de mes toutes premières expos personnelles, à la Orel Art gallery de Paris, en 2010, s’appelait ainsi “News !”. Elle s’intéressait justement à l’information telle qu’exploitée par le média de l’image dans notre société contemporaine, et la confusion que ce flux quotidien génère en nous. Cette une de Libé m’évoque tout ça : ce type qui lève les bras, nous ne savons pas qui il est ni ce qu’il dit. Cette image symbolise pour moi le doute, voire le soupçon, que véhicule intrinsèquement toute information. Elle souligne aussi notre impuissance, en tant que destinataire de l’info, à en saisir toute la subtilité, la vérité. J’ai décidé de faire disparaître cet homme, par la peinture, pour renforcer la confusion de notre regard porté sur cette information. Au delà du champ des médias, la liberté d’expression est évidemment un sujet sensible en Russie. Aujourd’hui, en tant qu’artiste, je peux dire à peu près ce que je veux. Reste toute de même une forme d’inquiétude sourde. Un jour, j’ai exposé une toile à Moscou. Elle représentait Dimitri Medvedev, président de 2008 à 2012, et bras droit de Poutine. Je le faisais disparaître par la technique de la peinture coulée. Des gens du gouvernement n’ont pas aimé cette toile, et ils sont venus me le dire. Il ne m’est rien arrivé, je n’ai pas été arrêté, certes, mais tout de même. Ils étaient là, ils me le rappelaient. En 2013, c’est une sculpture que j’exposais, à Moscou toujours, et que l’on m’a interdit d’exposer, car elle était jugée trop politique. Le jour où nous ne pourrons plus dire ce que nous voulons ici, alors nous partirons. »

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