Technique mixte sur impression papier 210g
H.73 x L.60,5 cm
H.89,5 x L.76 cm (avec cadre)
Bio
1977 Naissance d’Aguirre Schwarz à Saverne (Bas-Rhin).
1999 Il fonde le collectif Anonymous avec le street artiste Invader.
2001 Première exposition personnelle à Paris, à la galerie Patricia Dorfmann.
2002 Début du «Kidnapping Visuel» à Berlin. Zevs découpe et séquestre l’égérie de Lavazza, laissant un trou béant sur l’immense affiche publicitaire de la marque sur l’Alexanderplatz. Il demande une rançon. Trois ans plus tard, devant le Palais de Tokyo, à Paris, l’artiste livrera son otage à de faux émissaires de Lavazza.
2008 « ELECTROSHOCK ZEVS », semi-rétrospective au musée Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague.
2009 Arrestation de Zevs à Hong Kong – apparition d’Aguirre Schwarz.
2015 «The Autobiography of Aguirre Schwarz. An exhibition by Zevs», CCA Andratx, Andratx Majorque, Espagne.
Nom de Zevs
Par Zevs (1977, France)
« J’ai choisi cette une d’abord parce qu’elle dit mon nom. Le 5 juillet 2015, comme beaucoup, j’ai attendu impatiemment le verdict du référendum grec. Et lorsqu’en balayant les news j’ai découvert la une de Libé, ça m’a bien plu. Je signe Zevs (prononcé “Zeus”, ndlr) depuis 1992. Date à laquelle, en pleine séance de graffitis dans le sous-sol parisien, j’ai manqué de me faire écraser par un RER de la ligne A nommé ZEUS (ligne A). Car oui, la RATP donne des noms à ses trains. Il y a aussi HULK, NEMO, ZEBU, etc. Je me suis donc approprié son nom. Plus tard, j’en ferai l’acronyme de “Zone d’expérimentation visuelle et sonore”. A l’époque je travaillais beaucoup dans l’espace urbain, notamment à Paris. Je revêtais un costume de service jaune, pour m’intégrer au paysage, je balisais ma zone d’expérimentation de ruban de sécurité, pour délimiter mon périmètre de création, puis j’intervenais sur cet environnement. Ensuite, étrangement, ce nom a fortement influencé mon univers. Il a été un guide, et m’a poussé à questionner des notions telles que la toute-puissance, le pouvoir, dans un cadre mythologique. J’ai finalement développé un pictogramme pour illustrer ce nom : un nuage foudroyant. Plus qu’une signature, ce picto est devenu mon logo dans la rue, où j’ai décidé d’entrer en concurrence directe avec les logos des grandes marques, toutes-puissantes dans l’espace public. Avec elles, c’est une véritable guerre de territoire. L’omniprésence des publicités pose à mon sens la question de la liberté d’expression dans la ville. J’ai développé ma série de Visual Attacks dans cet esprit. Au début des années 2000, j’ai commencé à considérer les grandes bâches publicitaires comme des toiles, et les panneaux comme des cimaises. Je peignais des coulées de peinture rouge sur les yeux et les fronts des mannequins des publicités. J’étais un tueur en série d’images publicitaires. Jusqu’à ce que ça devienne trop compliqué : la surveillance des gardiens, les affiches peintes retirées illico, etc. J’ai finalement quitté Paris pour Berlin. Le rapport à la ville y est différent. Dès mes premiers pas, j’ai senti un souffle liberté, la possibilité d’aller plus loin encore dans ce type d’expression artistique. Le combat art-publicité y est tout aussi vif, mais la ville laisse plus de portes ouvertes. Et puis les citoyens sont réactifs. En 2002, lorsque j’ai kidnappé le mannequin d’une grande affiche Lavazza, en le découpant, d’autres m’ont imité. Partout en Allemagne, une grande vague de kidnappings visuels a frappé les publicités. Les mannequins mais aussi des objets disparaissaient, découpés par d’autres artistes ou activistes. Sur cette une de Libé, je fais disparaître la silhouette de l’homme politique pour la remplacer par une Vénus de Milo. Pour se faire, je suis parti d’une réplique un peu grossière : une sculpture de jardin. Je l’ai affinée, puis j’ai reportée son image sur le journal. Après l’avoir passée en noir, je l’ai affublée de ces fleurs dorées. L’or qui se répand sous sa toge laisse à penser qu’elle s’est urinée dessus. Ce grand symbole de la civilisation hellénistique devient alors tout autre, une Vénus travestie et souillée, vendue au plus offrant. »